Le 26 novembre 2021 marque la journée internationale des aides-soignants. L’occasion de mettre en lumière le rôle des 450 000 professionnels de santé qui travaillent dans les hôpitaux, à domicile ou dans les maisons de retraite. Rencontres avec deux professionnels du secteur.
Chaque matin, la voix de Céline Josso résonne dans les chambres de l’Ehpad La Cerisaie du groupe Emera, au cœur de l’Île de Nantes (44). Dès le réveil, aux alentours de 7 heures, elle accompagne les gestes essentiels du quotidien des résidents : aide au lever, premières toilettes et petit-déjeuner. « Le matin, le rythme est soutenu, nous passons voir chaque résident un par un et nous nous assurons que leur journée commence du bon pied », explique l’aide-soignante. Puis les transmissions avec les infirmières, le déjeuner dans la salle commune, les animations pour les uns, la sieste pour les autres. Enfin le dîner puis le retour dans la chambre.
À chacune de ces étapes qui rythment la journée de l’établissement, les aides-soignants sont présents.
Céline est arrivée à La Cerisaie en 2007. Plus jeune, elle se voyait plutôt travailler avec les enfants. C’est finalement auprès des personnes âgées dépendantes qu’elle s’épanouit : « C’est mon moteur, ma raison d’être et c’est vraiment là que je me sens utile. Je m’occupe des résidents tout en veillant à maintenir leur autonomie autant que possible, ma présence les rassure. Nous faisons réellement partie de leur vie et de celle de leur famille », résume-t-elle d’une voix emprunte de bienveillance. Si l’aide-soignante suit aujourd’hui des études d’infirmière, elle l’assure : « Je continuerai à travailler en Ehpad une fois diplômée ».
Les enjeux d’un métier essentiel
Authenticité, humanité, dévotion, passion… autant d’adjectifs pour décrire le quotidien de ces professionnels de la santé tournés vers autrui. Et pour cause, en France, on compte environ 450 000 aides-soignants – dont 93 % de femmes – qui travaillent dans les hôpitaux, les maisons de retraite ou à domicile au sein d’associations. Depuis toujours, ils sont au cœur du système de soin français, tant en termes de soin que d’écoute et d’accompagnement. Et s’ils souffraient d’un manque de reconnaissance et d’attractivité, la pandémie de COVID-19 a rappelé avec force l’importance du métier.
Toutefois, pour Guillaume Gontard, aide-soignant et président de la Fédération nationale des associations d’aides-soignants (FNAAS), de nombreuses difficultés subsistent : « C’est un travail rythmé, intense, avec des conditions de travail parfois difficiles. Nous pouvons être confrontés à la mort, et ce n’est pas toujours facile. Par ailleurs, le secteur souffre globalement d’un manque d’effectif qui impacte alors le temps d’échange avec les patients et résidents. Car ce métier demande d’être à l’écoute de leur ressenti, de leurs besoins pour leur apporter la meilleure qualité de soin ». Les syndicats – qui alertent à ce sujet – soutiennent plusieurs revendications, notamment le renforcement des équipes dans les services ou une plus grande autonomie des aides-soignants au sein des équipes de soins.
Un constat également partagé par Céline Josso, et complété au regard de sa propre expérience : « Nous portons et aidons régulièrement les résidents dépendants. Cela peut être éprouvant physiquement ». Un point d’attention pour le groupe Emera, qui a pour objectif l’amélioration des conditions de travail du personnel dans ses Résidences. Du matériel médicalisé et facilitant le déplacement des personnes âgées, pour sortir du lit par exemple, est notamment installé dans certaines chambres pour atténuer les gênes physiques de l’équipe soignante.
Des progrès sur la formation et les salaires
Ces derniers mois, des avancées significatives témoignent aussi d’une évolution positive. Ainsi, le Ségur de la Santé a acté une augmentation mensuelle des salaires de 183 euros nets pour les aides-soignants du secteur public, de 160 euros nets pour ceux du privé.
Du côté de la formation, la suppression du concours d’entrée au profit d’un examen de dossier et d’un entretien permet de se focaliser davantage sur les qualités humaines. Depuis septembre, le nouveau cursus de formation est passé de dix à douze mois, avec de nouveaux enseignements comme le repérage des fragilités, la prévention de la perte d’autonomie ou encore le raisonnement clinique en équipe pluriprofessionnelle. « Cette réforme répond à la une volonté de renforcer l’attractivité de la profession et d’augmenter les effectifs de professionnels formés pour répondre en continu aux besoins des établissements en demande », estime Guillaume Gontard. Selon le président de la FNAAS, « il s’agit aussi d’introduire un certain nombre d’actes de soins supplémentaires, jusque-là absents des référentiels et qui font pourtant partie depuis longtemps des tâches quotidiennes réalisées par les aides-soignants sur le terrain ».
Céline Josso, elle, souligne la nécessité de se former tout au long de sa carrière. « Être formée sur les pathologies qui touchent les personnes âgées dépendantes, comme les troubles cognitifs ou la nutrition par exemple, permet d’être plus spécialisée et d’adapter la prise en charge aux résidents. Nous comprenons ainsi mieux certaines réactions des résidents », constate la professionnelle de santé. Pour répondre à cet enjeu, le groupe Emera dispense notamment des formations chaque année avec des kinésithérapeutes pour former les équipes soignantes sur les gestes et postures à adopter. Un moyen de participer à l’amélioration du quotidien des aides-soignants.
« C’est important de parler de nous »
Encore souvent méconnue, la Journée internationale des aides-soignants créée en 2010 est aussi un atout supplémentaire dans cette quête de reconnaissance. « C’est une journée où l’on parle de nous, c’est important pour changer le regard sur le métier et notre travail quotidien », insiste Guillaume Gontard.
La médiatisation de cette journée et la sensibilisation aux besoins du métier apparaissent comme une solution pour faire évoluer la vision sur les aides-soignants. Dans les couloirs de la Résidence La Cerisaie, Céline Josso espère que « cela fera ouvrir le regard du public et des politiques sur le métier d’aide-soignant, notamment en Ehpad ». L’enjeu est d’envergure pour les patients et résidents, en particulier au regard des changements des besoins de santé dans la société : population vieillissante, maintien des patients à domicile pour soulager les services hospitaliers, etc.
Partager sur les réseaux sociaux
Recevoir la newsletter Emera