Avec les années, comme tous les autres organes, la peau vieillit. Les personnes âgées sont exposées à des maladies dermatologiques, parfois graves, et aux plaies chroniques. Quelques gestes simples de prévention et une bonne hygiène de vie permettent cependant de mieux protéger la peau. Explications.
Le vieillissement de la peau est un processus naturel, inéluctable. « La peau évolue tout au long de la vie, comme tous les organes, confirme Hester Colboc, dermatologue, vénérologue et médecin gériatre à l’Hôpital Rothschild à Paris. Les premiers stigmates de vieillissement cutané apparaissent en moyenne à partir de 25-30 ans ».
La peau représente 10 % de la masse corporelle. Elle est capable de s’autoréparer en permanence et forme une barrière contre les microbes.
Mais avec les années qui défilent, la peau connait de nombreuses modifications.
Le vieillissement cutané se traduit par l’apparition de rides et de taches brunes. La sécheresse de la peau, qui se caractérise par un aspect craquelé, est aussi un phénomène courant chez les seniors et est souvent associée à des démangeaisons (prurit), plainte dermatologique très fréquente chez le sujet âgé.
Les personnes âgées peuvent aussi souffrir d’élastose solaire, une dégénérescence du tissu élastique consécutive à l’exposition cumulée aux ultra-violets. « La peau du sujet âgé est volontiers fine, fragile et donc davantage sujette aux plaies et déchirures à cause de traumatismes parfois minimes. Des lésions qui, sur un terrain vasculaire insuffisant, sont bien souvent le point de départ de plaies chroniques (ulcères de jambe) », répond Hester Colboc, spécialisée dans la prise en charge des problématiques dermatologiques des seniors.
Le sens du toucher diminue avec l’âge
Les maladies dermatologiques sont donc plus présentes chez les personnes âgées.
Le cancer de la peau touche ainsi entre 80 000 et 100 000 Français chaque année, dont une importante partie parmi les plus de 65 ans. « On estime par ailleurs que 20 % des seniors présentent un vieillissement cutané pathologique appelé dermatoporose (en analogie avec l’ostéoporose) », ajoute Hester Colboc. La dermatoporose se manifeste par une atrophie cutanée (peau dite en « papier de cigarette »), un purpura (tâche rouge pourpre), des pseudo cicatrices stellaires (cicatrice de formes variées), de retards de cicatrisation, ces signes étant surtout visible sur les jambes et les avant-bras. La dermatoporose se complique d’hématomes disséquant (vaste hématome sous cutané entrainant une nécrose de la peau) et de déchirures cutanées, survenant parfois au cours de traumatismes minimes.
Comme l’ouïe ou la vision, le sens du toucher diminue avec l’âge ou certaines maladies. L’hypoesthésie – la perte de la sensibilité au toucher – est une maladie encore peu connue, mais représente un véritable trouble dégénératif et une perte d’autonomie chez les seniors.La capacité tactile diminue, et perturbe la saisie d’objets petits. Les personnes âgées peuvent ainsi avoir du mal à écrire, utiliser leur téléphone, attraper des pièces de monnaie… Pire, la maladie peut entraîner des blessures à cause de la non-perception des surfaces très chaudes (poêles de cuisson, fer à repasser en marche…) ou à l’inverse très froides (les mains gelées l’hiver).
Prévention : le mode de vie joue un rôle prépondérant
Les seniors ne sont pas tous égaux face au vieillissement. « Chaque individu présente un vieillissement qui lui est propre, dépendant de paramètres intrinsèque ou génétique, mais aussi environnementaux, et cela a un impact sur notre peau ». Le mode de vie joue un donc un rôle prépondérant sur le vieillissement cutané. Principal facteur de risque ? Le soleil. Une exposition solaire prolongée accélère le processus et les risques de cancer de la peau. « Parmi les autres comportements qui altèrent la peau figurent le tabac, l’alimentation, le stress, la prise de corticoïdes, l’insuffisance rénale chronique, la sédentarité » précise Hester Colboc.
Comment agir et ralentir cette transformation du corps ? Aucun remède miracle n’existe. Pas même la chirurgie esthétique, qui ne ralentit pas le vieillissement. Certaines habitudes de vie peuvent toutefois être bénéfiques. Parmi celles-ci : éviter le stress, dormir suffisamment, s’hydrater correctement, faire plus attention à son alimentation, appliquer une protection solaire adaptée, lutter contre l’insuffisance veineuse, pratiquer une activité physique régulière, supprimer le tabac.
Un enjeu de santé publique
Dans les établissements pour personnes dépendantes, la prise en charge des maladies cutanées et des plaies chroniques constitue un enjeu de santé publique majeur. Au même titre que la lutte contre la dénutrition. « En maison de retraite, les équipes sont généralement sensibilisées à ces problématiques, et la prévention est souvent efficace, en particulier concernant les risques d’escarres », estime Hester Colboc.
Pour limiter les risques d’escarres, il existe par exemple des surmatelas ou des coussins de fauteuil. Faire bouger les patients âgés est également indispensable pour stimuler les articulations, la peau, les muscles et augmenter leur perception ou prévenir le risque d’escarre.
Seul bémol, face aux plaies existantes, il manque peut-être dans les résidences des spécialistes – des dermatologues, des ergothérapeutes – pour poser un diagnostic et assurer une prise en charge adaptés. Dans ce contexte, l’essor de la télémédecine – largement boostée depuis le Covid-19 – est aussi susceptible d’apporter des solutions de diagnostic et de prise en charge nouvelles, en mettant en lien les Ehpad et les dermatologues de ville.
Dans cette logique, Emera a mis en place des actions de prévention à destination des résidents et du personnel soignant qui les accompagne.
La lutte contre les difficultés liées à la perte des sens et à la mobilité s’inscrit chaque jour dans notre démarche.
Les équipes de nos établissements sont sensibilisées aux différents enjeux de préservation du corps, notamment de la peau.
Posters de sensibilisation des équipes dans les résidences Emera
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