Le sommeil représente plus d’un tiers de notre vie ! Il participe à notre croissance, au renouvellement de nos cellules, ainsi qu’au développement et à la préservation de nos capacités cognitives. Un sommeil de qualité est nécessaire à tout âge pour se maintenir en bonne santé.
Toutefois, lorsque l’on vieillit, des troubles peuvent apparaître. Ils peuvent être d’ordre médical (en raison d’une pathologie), émotionnel (lorsque l’on change d’environnement, notamment en Ehpad) ou à cause d’un dérèglement de l’horloge biologique. Éclairage et conseils avec Marie-Françoise Vecchierini, neuropsychiatre au Centre du sommeil et de la vigilance à l’Hôtel-Dieu de Paris.
Le sommeil, un besoin vital qui évolue tout au long de la vie
Selon l’INSERM, le sommeil correspond à une baisse de l’état de conscience qui sépare deux périodes d’éveil. Il est caractérisé par une perte de la vigilance, une diminution du tonus musculaire et une conservation partielle de la perception sensitive. Quel que soit l’âge, de l’enfance à l’âge adulte, les phases de sommeil sont relativement similaires. Le sommeil se compose de différentes étapes clés qui se renouvellent sur plusieurs cycles :
– Le sommeil dit « lent » se décompose en trois étapes : une phase d’endormissement, une phase de sommeil léger, une phase de sommeil profond ;
– Le sommeil dit « paradoxal » : notre cerveau montre des rythmes différents entre la veille et l’endormissement, notre système oculaire est actif mais nos muscles sont relâchés, c’est le moment où les rêves sont les plus abondants.
Un cycle dure en moyenne entre 90 minutes et 120 minutes et se réitère en moyenne 4 à 6 fois durant la nuit. Chaque cycle commence par un sommeil léger et se termine par un sommeil paradoxal. Si les premiers cycles contiennent de longues phases de sommeil profond, ils laissent progressivement place à des phases de sommeil léger jusqu’au réveil. Inversement, le sommeil paradoxal est plus abondant dans les cycles de fin de nuit. Si certains ont besoin d’un nombre important d’heures de sommeil pour être en forme durant la journée, d’autres ont une faculté de récupération plus rapide. Mais quel que soit son profil, au fur et à mesure que les années avancent, le sommeil va se modifier.
Avec l’âge, le sommeil se modifie et des troubles du sommeil peuvent apparaître
Le rythme veille/sommeil évolue parallèlement aux modifications des autres fonctions biologiques. A mesure que l’on vieillit, le sommeil lent profond va progressivement laisser place au sommeil lent léger, favorisant petit à petit, l’apparition de troubles du sommeil.
L’état de santé général, les émotions, l’alimentation, le niveau d’activité pendant les moments de veille, sont autant de paramètres qui peuvent interférer sur le sommeil des personnes âgées. Or, l’on sait que celles-ci ont particulièrement besoin d’être stimulées dans la journée. Une personne sur trois est concernée par un trouble du sommeil d’après l’INSERM.
Selon l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance, à partir de 60 ans, le délai d’endormissement est en effet plus long, les phases de sommeil profond sont moins nombreuses et les réveils nocturnes sont plus fréquents. Selon Marie-Françoise Vecchierini « des troubles du sommeil peuvent apparaître chez les sujets âgés et varient selon leur état de santé : bien portants, fragilisés par l’âge ou en situation de handicap, ces paramètres ont un impact considérable sur la qualité de leur sommeil. Les troubles du sommeil sont d’autant plus importants que le sujet âgé a plus de comorbidités. Au moins 30 % des séniors font ainsi face à des réveils nocturnes multiples et ont du mal à se rendormir par exemple ».
De nombreuses pathologies dues au vieillissement peuvent se développer, comme une parasomnie, l’apnée du sommeil (concerne 5 % de la population), le syndrome des jambes sans repos (concerne 8 % de la population) ou l’insomnie chronique (concerne 16 % de la population). Leur prévalence augmente avec l’âge et ont un effet délétère sur la qualité du sommeil. La prise de certains médicaments peut aussi perturber leur sommeil.
« Le milieu de vie des séniors a également un impact. Ceux qui vivent encore dans leur propre résidence, se sentent parfois seuls ou en insécurité et peuvent alors ne pas dormir correctement. Vivre en communauté, notamment en Ehpad, peut parfois intensifier ces troubles. Le changement d’environnement et de rythme, la perte de repères dans les premiers temps, le bruit, le passage de l’équipe médicale très tard le soir ou très tôt le matin ou encore l’éclairage dans les couloirs peuvent occasionner une gêne pour certains », poursuit Marie-Françoise Vecchierini.
Si dormir permet une bonne récupération physique, les troubles du sommeil peuvent avoir différentes répercussions sur le quotidien : un manque d’énergie durant la journée, une irritabilité, une mauvaise stimulation des défenses immunitaires ou encore des troubles cognitifs sérieux.
Comment préserver un sommeil de qualité chez les personnes âgées en Ehpad ?
De nombreuses actions sont à mettre en place pour préserver un sommeil de qualité et surtout réparateur. La qualité du sommeil dépend en grande partie de la qualité de la veille. « Durant la période d’éveil, il est conseillé de pratiquer quotidiennement une activité physique adaptée à ses possibilités pour stimuler sa vigilance et son cerveau. Effectuer quelques exercices et mouvements vifs, si possible, pour bien s’étirer le matin, s’exposer à la lumière du jour le plus possible dans la journée pour faire le plein de vitamine D, ramener son horloge biologique sur 24h00 et lutter contre la dépression. Il faut éviter de faire trop de sieste l’après-midi. Garder un lien social est également primordial ! Interagir avec les autres résidents par exemple et voir sa famille, procure une sensation de bien-être qui contribue à stimuler les fonctions cognitives », conseille Marie-Françoise Vecchierini.
La régularité dans les horaires de coucher et de lever sont également des éléments à prendre en compte, en plus de limiter les activités au moment du coucher : « Il est recommandé de ne pas pratiquer d’activité dite « éveillante » comme regarder la télévision, son téléphone ou tout écran. Il est préférable que la chambre soit bien aérée, qu’elle soit à température fraîche (18-20 degrés), sans bruit et surtout bien obscurcie, explique la neuropsychiatre. De plus, mieux vaut éviter de consommer du café ou du thé trop tard l’après-midi, à cause de leur effet stimulant. De même que manger de la soupe ou boire une tisane, malgré sa vertu apaisante, risquent de provoquer plusieurs levers nocturnes pour uriner donc éveils et difficultés de se rendormir. »
Appliquées au quotidien, ces nombreuses recommandations ont un effet bénéfique. C’est dans cette objectif qu’Emera, qui a à cœur de favoriser un sommeil réparateur de ses résidents, a mis en place des veillées douces le soir avec des activités relaxantes. Lecture, musique, exercices de respiration… autant d’actions qui permettent de se conditionner pour un meilleur sommeil.
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