Réapprendre à s’habiller seul, à manger à son rythme, à lire le journal… La méthode Montessori appliquée aux seniors souffrant de troubles cognitifs, valorise le « faire avec » plutôt que « faire à la place de ». Au sein des Ehpad, l’approche commence à faire son chemin. Un changement de paradigme qui encourage la confiance en soi des seniors et génère de nombreux bénéfices. Explications.
Montessori : de l’école à l’Ehpad
Longtemps adressée au jeune public, la méthode Montessori trouve aujourd’hui un écho auprès d’un tout autre public : les seniors. A l’origine de la méthode, il y a une femme médecin italienne convaincue que les enfants souffrant de troubles moteurs ou atteints de maladies mentales, ont les mêmes droits à l’éducation que les autres. Pour les aider, Maria Montessori (1870-1952) développe des outils adaptés en faisant passer le sensoriel et l’aspect pratique de l’apprentissage avant la théorie. En 1907, Maria fonde la « Casa dei Bambini » – « Maison des enfants » – à Rome pour accompagner des petits âgés de 3 à 6 ans dans leur apprentissage.
Elle reprend alors ses outils imaginés lors de ses premières expériences en milieu hospitalier et en développe de nouveaux à l’attention du plus grand nombre.
L’objectif : placer la confiance de l’enfant au cœur de l’apprentissage, lui donner le choix de ses activités et l’accompagner. Aujourd’hui, cette méthode connait un vrai succès dans de nombreuses écoles en Europe, et notamment en France.
Dans les années 1990, le docteur Cameron Camp, psychologue et chercheur américain, a adapté l’approche Montessori aux seniors atteints de troubles cognitifs ou souffrant de maladies avancées telles qu’Alzheimer.
Selon lui, la méthode Montessori n’a pas vocation à infantiliser les patients mais au contraire à leur redonner une autonomie parfois perdue, à mesure que la maladie progresse. Les résultats obtenus ont été sans appel. D’une part, la méthode Montessori a prouvé que les seniors atteints de troubles cognitifs pouvaient apprendre et donc regagner en autonomie sur des tâches simples du quotidien comme s’habiller ou manger seul ; d’autre part, en mettant l’accent sur l’adaptation des supports de vie aux capacités et besoins des seniors, la méthode a permis de réengager les participants dans leur quotidien en proposant des activités choisies par leurs soins. La méthode Montessori met ainsi l’accent sur la personne et ses besoins psycho-sociaux.
Les bénéfices de la méthode en Ehpad
Jérôme Erkes, neuropsychologue et directeur Recherche et développement de l’organisme de formation AG&D applique la méthode Montessori auprès d’un public senior depuis une dizaine d’années. Il forme notamment des professionnels au sein des Ehpad : « Nous intervenons généralement sur une période de trois jours au sein du site en mobilisant entre 10 et 15 membres de l’équipe en contact avec les personnes âgées. »
Plusieurs objectifs sont définis en amont de la formation : changer le regard porté sur le « résident » pour ne plus voir un malade mais une « personne à part entière, avec ses fragilités, certes, mais aussi des capacités et des besoins, comme tout être humain » ; changer le regard sur la raison d’être de l’institution, « pour qu’elle devienne réellement l’habitation de ceux qui y vivent », et non plus un lieu de soin ; changer enfin la mission des professionnels « en les invitant à devenir des facilitateurs, ceux qui permettent à la personne de « faire seule » ce qui a du sens pour elle, en adaptant son environnement physique, en partant de ses capacités et de qui elle est ».
Jérôme Erkes définit ainsi la méthode Montessori comme une approche centrée sur la personne. Elle ne s’oppose pas au travail médical, mais vise d’autres aspects essentiels du bien-être de la personne, à savoir ses besoins psycho-sociaux.
En impliquant dans les formations tous les métiers à la réflexion autour de la vie du senior, Jérôme Erkes souhaite ainsi lever les incompréhensions : « Un élément central est d’établir un langage commun en tenant compte des spécificités de chacun.
Par la formation, nous souhaitons créer une dynamique commune afin que chaque métier ne travaille pas en silo mais bien tous ensemble pour le bien-être des personnes accompagnées.
L’implication du management est dès lors fondamentale. Lors de notre formation des équipes Emera, la direction a ainsi fait participer les fonctions supports pour partir sur des bases communes.
Bien sûr, de tels changements demandent un temps d’adaptation, rappelle Jérôme Erkes. En tant que formateurs, nous multiplions les apprentissages par la pratique et le terrain afin de rendre concrets et visibles les effets de cette nouvelle dynamique.
Dans les mois qui suivent la formation, il faut lever les barrières progressivement, une à une. De nombreuses directions d’établissement nous sollicitent au bout de quelques mois pour réaliser un suivi de leur établissement afin d’accompagner la progression et de renforcer les changements obtenus. »
Aujourd’hui, l’équipe d’AG&D met en place de nombreux nouveaux projets, par exemple pour les proches aidants.
Adeline, ergothérapeute au sein de l’Ehpad Emera Boisvallon à Ceyrat, a suivi la formation AG&D en 2019. A ses yeux, les bénéfices de la méthode Montessori sont évidents :
« En tant qu’ergothérapeute, je suis de près l’évolution de la santé des seniors de l’Ehpad. Je réalise un premier bilan à leur admission pour définir leur degré d’autonomie et j’assure ensuite un suivi thérapeutique et de prévention. L’objectif est de maintenir et d’entretenir leurs capacités à se déplacer seuls et à interagir avec la communauté au sein de l’Ehpad. En parallèle, je leur propose des activités en accord avec leurs goûts et leurs envies. La méthode Montessori vient renforcer cette approche au cas par cas en adaptant des activités aux capacités de chacun en fonction de leurs envies. Par exemple, à la suite de la formation avec AG&D, j’ai mis en place une activité de cuisine pour des résidentes qui souhaitaient préparer des gâteaux. Sentir les ingrédients, les toucher…C’est un plaisir pour elles ! Pendant l’activité, je les accompagne mais c’est bien elles qui sont derrière les fourneaux. »
Adeline a également proposé une activité « J’aime/J’aime pas » construit autour de cartes imagées afin d’encourager la prise de parole.
« Les images, le format adapté, permettent de rentrer en communication avec certains résidents ayant perdu des facultés d’expression. L’approche pratique et de la méthode Montessori facilite la communication ».
L’ergothérapeute souligne les bénéfices sur l’humeur et le comportement des seniors :
« Plusieurs familles sont déjà venues me voir, heureuses de constater que leur parent était plus dynamique ou plus souriant ».
Améliorer l’humeur, retrouver une raison de se lever le matin, donner du sens à son quotidien, la méthode Montessori offre de nombreux bénéfices en Ehpad. Elle place le curseur sur l’individu avant la pathologie.
Pour en savoir plus sur la méthode Montessori appliquée en Ehpad, Emera vous accompagne.
Pour en savoir plus sur AG&D et les formations à la méthode Montessori appliquée aux séniors :
https://www.ag-d.fr – Tel : 01 44 24 96 66
Partager sur les réseaux sociaux
Recevoir la newsletter Emera